
Table de jeu pour enfants
Il y a quelques années, pour Noël, j’ai fabriqué une table de jeu de 17 po de hauteur pour ma fille, avec un bord surélevé afin que les jouets ne tombent pas. Réalisée à la hâte en une journée la semaine précédant Noël, cette table manquait profondément de style. J’avais bien quelques idées pour l’améliorer un peu, alors quand un proche m’a demandé d’en fabriquer une pour son fils, j’ai sauté sur l’occasion.
J’ai démarré ce projet un peu comme je le fais toujours, soit en commençant par les pieds. J’ai choisi une planche de noyer 8/4 débitée sur quartier, reconnaissable par son fil droit sur les quatre côtés et par son bois de bout dont le grain court en diagonale d’un coin à l’autre. Il est difficile de trouver des planches larges débitées sur quartier. D’habitude, je refends donc une longueur sur le bord d’une planche, que je tronçonne ensuite trois fois pour obtenir quatre ébauches de pied. L’un des avantages de cette méthode est que, comme les stries de couleur dans le fil du bois courent sur toute la longueur de la pièce, elles apparaissent sur les quatre pieds. J’ai tracé une ligne parallèlement à une veine particulièrement contrastée, en respectant la même distance sur les quatre pieds afin de conserver une certaine uniformité.

Ensuite, à la scie à ruban, j’ai coupé la pièce en suivant la ligne, pour que le fil du bois soit parallèle au chant et perpendiculaire au sol.
Une fois ce chant dressé, il a pu servir de référence pour toutes les autres étapes d’usinage.

Normalement, j’aurais ensuite façonné les assemblages, pendant que le pied est encore d’équerre.

Cette fois-ci toutefois, comme je voulais que les traverses suivent le gainage des pieds, j’ai d’abord réalisé le profil des pièces. Le gainage des pieds est assez peu prononcé, seulement 1/4 po sur toute sa longueur.

Note de la rédaction : Sur les trois photos suivantes, le protège-lame a été retiré à des fins de présentation.

Les deux faces extérieures sont gainées. Pour la première coupe, les faces intérieures sont orientées vers le haut et vers le guide parallèle. Pour la deuxième coupe, la pièce est pivotée dans le sens horaire de sorte que les faces intérieures sont maintenant orientées vers le guide parallèle et vers le bas. Attention : en pivotant la pièce dans le sens antihoraire, on se retrouverait avec une face gainée appuyée contre la base du gabarit pour effectuer la deuxième coupe, ce qui fausserait l’angle.
Le protège-lame a été retiré à des fins de présentation.

Je n’ai aucun problème à tenir la pièce sur le gabarit pendant la coupe, mais l’utilisation d’une sauterelle est recommandée.
Le protège-lame a été retiré à des fins de présentation.

L’épaisseur combinée du plateau du gabarit et du pied excédait la profondeur de coupe de mon banc de scie; j’ai donc utilisé un rabot de coupe pour enlever rapidement l’excédent.

J’ai façonné les mortaises de manière à ce qu’elles soient parallèles à la face gainée adjacente. Les mortaises peuvent être tracées et façonnées à la main, ou réalisées sur la perceuse à colonne ou la mortaiseuse, à la condition qu’on utilise l’un des coins obtenus lors du gainage pour maintenir le pied perpendiculairement à l’outil. J’ai la chance d’avoir un gabarit Leigh, qui utilise les faces intérieures comme surfaces de référence.

Les traverses ont été coupées dans le reste de la planche qui a servi à faire les pieds. Encore une fois, j’ai soigneusement observé le fil du bois en essayant d’y centrer les pièces pour qu’elles soient les plus symétriques possible. J’ai disposé les pièces pour que les courbes des veines s’arquent vers le haut, imitant ainsi la forme finale des traverses en plus de créer un effet miroir d’un bord supérieur à l’autre, comme pour un placage à raccord en portefeuille.

Après les mortaises, j’ai façonné les tenons. Les pièces étaient toutefois trop larges pour être entièrement façonnées à l’aide du gabarit; j’ai donc dû couper l’excédent par la suite.

Puis, j’ai tracé la courbure des traverses.

Et j’ai découpé celles-ci sur la scie à ruban.

Comme les traverses avaient encore un chant complètement droit, j’en ai profité pour tailler la feuillure qui supporterait le plateau. En la taillant après avoir façonné la courbe approximative des traverses, je pouvais m’assurer qu’elle était assez profonde pour dissimuler entièrement le chant du panneau de contreplaqué.

Il ne me restait plus qu’à découper la courbure dans le bas des traverses.

L’assemblage à sec de la ceinture et des pieds montrait clairement où le haut des traverses arrivait sur les pieds, me permettant de trouver facilement le bon angle pour les couper.

J'ai coupé l'angle composé sur la scie à onglet.

J’ai coupé le haut des pieds de manière à suivre la courbe des traverses. Et pour être certain que tout s’enchaîne, j’ai coupé le dessus des traverses latérales selon l’angle du dessus des pieds. Pour cette table, la courbure des traverses latérales correspondait à un angle de 81° dans le haut du pied. Pour que l’assemblage soit visuellement parfait, il fallait tailler le dessus des traverses pour affleurer chaque pied. J’ai utilisé le pied pour régler l'angle du plateau de ma scie à ruban.

La courbure supérieure des traverses a été découpée à nouveau en utilisant cet angle. Les traverses étaient placées face extérieure contre le plateau et de façon à ce que la lame entaille à peine le bois. J’ai essayé d’enlever le moins de matériau possible tout en effectuant une coupe pleine largeur.

La vastringue s’est avérée le meilleur outil pour effectuer une coupe de finition et dresser la surface.
J’ai d’abord collé les longs côtés en utilisant un deuxième serre-joint dans le bas des pieds afin de maintenir le tout d’équerre. J'ai ensuite collé les traverses des bouts.

Une fois la colle sèche, l’assemblage était terminé. Je l’ai toutefois renforcé en ajoutant des équerres en bois dans les coins. C’est toujours une bonne idée, et c’est même essentiel pour un meuble d’enfant.

Pour le plateau, j’ai coupé un morceau de contreplaqué multiplis de 1/2 po d’épaisseur. Je suis vraiment fier de cette table. L’aspect bien campé des pieds gainés trouve son équilibre dans la courbure plus légère des traverses.

Texte et photos : Darnell Hagen
Darnell Hagen a fait ses premiers pas en ébénisterie lors de cours en atelier pendant ses études secondaires. Il travaille le bois depuis plus de dix ans, pour des clients en journée et pour lui les soirs et les fins de semaine. Il apprécie le fait qu'il y ait de nouvelles choses à apprendre et de nouvelles techniques à essayer, et qu'il faille toute une vie pour maîtriser le métier.
