L'environnement
L'environnement physique et les autres pièces du mobilier dans la pièce où sera placé le meuble fini ont également une incidence sur ses dimensions. Par exemple, le nombre de livres à ranger et l'espace au sol ont été des facteurs importants lorsque j'ai dû déterminer les dimensions d'une crédence et choisir le style des portes.

La fonction définit la forme. Les besoins de rangement et les restrictions d'espace au sol ont été déterminants dans la conception de cette crédence.
En cas de doute, faites un prototype
Le croquis de base et la liste de débit me suffisent habituellement. Toutefois, les dessins en deux dimensions n’expriment pas toujours toute la complexité ou les aspects imperceptibles d'un projet, comme le confort ou la solidité d'un assemblage. La réalisation d'un prototype ou d'une maquette simple est alors un autre outil à votre disposition. Voici quelques exemples de la façon dont ces modèles peuvent vous servir.
Commencez par un patron
Il existe différentes formes de modèles : à l'échelle, grandeur nature, pour le projet complet ou pour une seule partie. Lorsque j'ai conçu une table basse ovale pour ma fille, j'ai fabriqué différents patrons du plateau (voir « Composer avec le mouvement du bois ».) Le patron en carton lui a permis de voir comment les différentes formes et dimensions de plateau s'harmonisaient avec les autres meubles de sa maison. Le patron final a également servi à tracer la forme à couper, et à déterminer la position des pieds et l'emplacement des mortaises.

Image de gauche : Les modèles peuvent être à l'échelle ou grandeur nature, ou ne représenter qu'une partie du meuble, comme ici pour le plateau.
Image du milieu : L'auteur a utilisé le patron du plateau pour déterminer la disposition des planches à coller.
Image de droite : L'auteur a placé les pieds sur le patron pour déterminer l'emplacement des mortaises.
Utilisez des modèles pour peaufiner les détails
J'utilise aussi des modèles pour m'aider à fignoler les derniers détails ou à vérifier des idées. Pour un tabouret-escabeau, par exemple, j'avais conçu un système de pivot composé d'une tige dissimulée et de quelques articles de quincaillerie pour maintenir la marche pivotante au corps du tabouret. Mais la tige résisterait-elle à l'usage dans la vraie vie? Pour le savoir, j'ai fabriqué un prototype de la marche pivotante et j'y suis monté à plusieurs reprises pour vérifier la résistance des pivots. Pour le même projet, j'ai aussi utilisé un patron du support de la marche pour déterminer l’emplacement des trous à percer pour la tige.

Image de gauche : Le tabouret escabeau est muni d'une marche pivotante qui peut être basculée au besoin.
Image de droite : Le prototype a permis de vérifier la résistance du système de pivot sous le poids d'un adulte.

Un patron grandeur nature du pied de la marche a permis à l'auteur de déterminer facilement l'emplacement du trou pour la tige.
Les modèles aident à prévenir les catastrophes
Même si l’adage de menuiserie qui dit qu’il vaut mieux mesurer deux fois avant de couper réduit les erreurs de coupe, je dois m’assurer que les mesures calculées pour les parties critiques sont réellement correctes et précises avant de les couper. Par exemple, les portes coulissantes devaient être coupées aux bonnes dimensions pour fonctionner dans les rainures de la crédence. Je n’ai pris aucun risque et, avant de tailler les feuillures sur les portes, j’ai fabriqué un prototype de chaque porte et je les ai testés dans les rainures.

Image de gauche : L'auteur a coupé deux portes en carton selon la grandeur calculée et les a utilisées pour confirmer l'exactitude des mesures.
Image de droite : Les feuillures des portes ont été réalisées après un essai avec un prototype.
Les angles pour les nuls
Contrairement aux mesures linéaires, les angles et les saillies sont plus difficiles à visualiser sur papier qu'en format réel. Ainsi, pour déterminer l’angle de coupe des pieds d’une table pour un coin repas, j’ai scié quelques planches à différents angles comme modèles. J’ai ensuite testé un modèle après l'autre sur le pied central de la table pour voir quel angle donnait le plus bel effet. De la même façon, j’ai utilisé des prototypes pour concevoir les pieds biseautés de la crédence.

Image de gauche : L'auteur a déterminé l'angle de coupe des pieds de cette table sans effectuer de calcul.
Image de droite : En tenant un patron de pied contre le pied central de la table, l’auteur a pu voir l’élévation réelle du pied par rapport au sol.
Les modèles, fabriqués à partir de matériaux rudimentaires, comme du carton, des panneaux de mousse isolante ou des retailles de bois, peuvent vous aider à résoudre différentes difficultés au cours de la conception. Véritable bouton « annuler » des ébénistes, ils permettent de mettre à l'épreuve certains aspects d'un projet sans craindre une catastrophe en cas d'échec.
Texte et photos : Charles Mak
Maintenant à la retraite, Charles Mak est ébéniste amateur passionné, enseignant, rédacteur et conseiller. Il a aussi travaillé à temps partiel au magasin Lee Valley de sa région.
Autres ressources pertinentes
Blackburn, Graham. « A Guide to Good Design », Fine Woodworking, (Jan./Feb. 2004), p. 48-51.
Gilpin, Hank. « The Illustrated Cutlist », Fine Woodworking, (Jan./Feb. 2019), p. 55-59.
Hayward, Charles (2016). « Accommodation and Proportion », dans The Woodworker: The Charles H. Hayward Years, The Lost Art Press, Vol. II, p. 775-776.
Lauer, George. « James Krenov: Practical Lessons from a Renowned Master », Wood magazine, (September 2002), p. 68-72.